C'est l'été
Troisième partie
"A la baignade"
Depuis deux mois, le climat de l'été s'est installé dans les Cévennes.
Depuis un mois, la faune estivale est descendue de la capitale et s'est éparpillée dans la contrée espérant trouver un coin de fraîcheur.
Pas de chance, c'est chez nous qu'il fait le plus chaud.
Aussi tout est bon pour profiter de ces congés tant attendus.
Nous avons la chance de posséder dans notre village la rivière la plus propre du secteur aussi nous en payons le prix et cela ne nous rapporte pas un sou.
Avant, il y a bien longtemps, ils arrivaient à bord de leurs mobylettes pétaradantes équipés du poste à transistors qui crachaient quelques décibels au bord de l'eau certainement pour faire plaisir aux truites et aux barbots (à cette époque, il y en avait). Maintenant, ils ont grandi et se sont acheté une voiture mais ils sont toujours là. Ceux qui n'ont pas pu acheter une voiture peuvent utiliser pour quelques euros la navette savamment mise en place par l'agglomération qui dessert plusieurs fois par jour les lieux touristiques de la vallée de Mialet (c'est ce que l'on veut nous faire croire depuis que le terme baignades a été dissimulé sur les affichages officiels du trajet). Sur place ils font connaissance avec les touristes qui eux ont suivi les conseils des réseaux sociaux ou des copains qui traquent les bonnes adresses et les diffusent sans modération. Parmi ces touristes on trouve aussi ceux plus vieille France, se réfèrent aux publicités inscrites sur les sets de table du restaurant testé la veille ou aux guides touristiques spécialisés sur les baignades de notre contrée lesquels n'ont pas de honte à se faire de la monnaie en faisant la promotion (données GPS fournies) sur des lieux privés.
Tout ce petit monde s'agglutine sur les bords de la départementale ou sur un délaissé au plus près du point de baignade (c'est comme cela que l'on reconnait en passant les spots préférés. Voir le texte de la seconde partie).
Une fois arrivée et connaissance faite, on va rejoindre l'éden tant espéré : La rivière.
C'est un véritable folklore. Aussi je ne vous parlerai que d'un spot très prisé sur la commune autour duquel on peut compter les jours fastes cent cinquante véhicules sur deux kilomètres. Donc, après connaissance, il est temps de s'engager, tongs aux pieds dans le sentier pentu et malaisé avec le parasol, la chaise de plage, la glacière, les marmots équipés de leur crocodile gonflable et l'épuisette à poissons sans oublier belle-maman fière à son âge d'être capable de faire un peu de sport, "ah" j'oubliais le chien, on y reviendra plus tard car 2022 fut l'année des chiens. Après deux années de covid, la compagnie des animaux a remplacé le collègue de travail qu'on ne voyait qu'en visio-conférence. Après bien des acrobaties et des "c'est encore loin" des gamins impatients, le convoi arrive en vue de l'eau tant espérée. "Où on va" demande le chef de famille à son épouse encore coincée dans les rochers entre sa tong qui a cassé (il fallait s'y attendre) et le sac avec les serviettes de plage. Il semble pourtant y avoir de la place pour poser toute la famille mais bizarrement le choix se fait sur un petit bout de plage juste face à un couple de l'autre côté de la rivière qui pensait passer un moment tranquille au soleil. Effectivement, c'est un coin à l'ombre (pour l'instant car il parait que la terre tournant autour du soleil fait déplacer les zones d'ombre). Belle-maman s'installe sous le minuscule parasol (elle a compris que le soleil allait arriver), les marmots sautent déjà dans l'eau en éclaboussant au passage le couple paisible d'en face quant au chien, c'est la maman qui lui fait un shampoing antipuces avant de le rincer soigneusement (ce n'est pas un labrador, il n'aime pas l'eau).
A propos de chien, cette année, un groupe sur deux avait un chien. Il y en avait même qui venaient le matin à trois personnes et six chiens, juste pour que les toutous fassent trempette. C'est vrai, il faisait très chaud et les pauvres bêtes souffraient autant que les humains, mais rares sont les maîtres qui étaient équipés du petit sac à crottes que l'on trouve en ville, alors dans la nature, une crotte de chien c'est biodégradable, parfois préfère-t-on l'enterrer dans le sable, juste pour que les marmots les retrouve en construisant un château de sable. Mais me direz-vous, il n'y a pas un panneau qui dit "Interdit aux chiens" ou qu'ils doivent être tenus en laisse donc on peut les laisser errer dans la nature et faire leurs besoins sans se soucier des autres.
La réflexion du genre "Y a pas de panneau qui dit que…" est assez récurrente c'est vrai il manque un panneau qui dit "Entrée interdite aux …"
Revenons à notre famille de baigneurs
Ils sont maintenant installés, le couple d'en face a préféré partir à cause des marmots qui n'arrêtaient pas de passer sur leurs serviettes pour atteindre un promontoire rocheux et sauter dans l'eau en faisant le plus gros plouf.
Après le casse-croûte, c'est l'heure de la sieste et pourquoi ne pas en griller une. Eh oui c'est vrai, pourquoi pas. Alors que partout les incendies ravagent des milliers d'hectares de forêts, sur les rochers ça ne craint rien même si l'on est qu'à quelques mètres d'une végétation tellement sèche que les ronces ne résistent pas et puis on écrasera le mégot pour le jeter dans un creux de rocher.
Vers dix-huit heures, toute la troupe regroupera son petit matériel, la glacière, le parasol, le crocodile, les marmots et belle-maman et attaquera la remontée dans le sentier malaisé en laissant sous un rocher le sac poubelle avec les peaux de melon et les canettes vide (trop de choses en main), il y a bien un couillon qui le ramassera. Certains oublient au bord de l'eau les chaussures des gosses, ou le maillot de bain, parfois c'est la serviette d'autres fois c'est la petite culotte ou le soutien-gorge à croire qu'ils descendent habillés et remontent tout nus. Sur le délaissé, on rejoint la voiture surchauffée au soleil, on ouvre vite les fenêtres pour refroidir un peu et on part rejoindre le bercail après une journée de plaisir au soleil, le cul dans l'eau.
Voilà on arrêtera les caricatures moqueuses pour cette saison en souhaitant un bon retour à la maison aux heureux vacanciers et en leur donnant rendez-vous l'an prochain pour amicalement rire un peu plus.
PS :
Il est tout à fait inutile de m'envoyer des mails ou des messages pour me dire que vous vous reconnaissez au travers de ces lignes, elles sont là pour passer un moment sans se prendre au sérieux, la vie et si courte que l'on n'a pas le temps de comprendre que l'on est né.
Seconde partie
"En voiture"
Depuis deux mois, le climat de l'été s'est installé dans les Cévennes.
Depuis un mois, la faune estivale est descendue de la capitale et s'est éparpillée dans la contrée espérant trouver un coin de fraîcheur.
Pas de chance, c'est chez nous qu'il fait le plus chaud.
Aussi tout est bon pour profiter de ces congés tant attendus.
Tous ne se sont pas mis au vélo, certains incorruptibles ont préféré utiliser le seul moyen de locomotion qu'ils connaissent : La voiture.
C'est moins sportif, mais par les températures actuelles, certaines ont la clim et quitte à attraper mal à la gorge ou avoir des courbatures aux épaules, elle tourne à fond sans se soucier de la consommation de carburant qu'elle engendre mais cela n'est pas important car les distributeurs ont baissé le prix de l'essence.
Avec la voiture, on va aussi partout ou presque et certains ont quitté les embouteillages parisiens pour faire la queue à Lunel au retour des plages le soir à 17 heures. A Paris ils rouspètent (le mot est faible) mais à Lunel, on le prend cool, on est en vacances. Tellement cool que partout on respecte le code de la route et les règles de bonne conduite. Sur nos routes un peu sinueuses, on ne dépasse pas les soixante kilomètres pour admirer le paysage cévenol grillé par le soleil. Comme on ne connait pas les méandres du ruban de goudron et que les bas-côtés sont effrayants, on roule à un mètre de ceux-ci afin de ne pas risquer de tomber dedans. Aussi, autochtones prudent derrière chaque virage tu peux en rencontrer un, alors garde bien ta droite si tu ne veux pas y laisser au passage un rétroviseur.
Ceux qui ne sont pas allés à Palavas les flots pour profiter de la fraîcheur de la méditerranée (presque aussi chaude que l'intérieur du bungalow dans le camping), vont aller se baigner dans la rivière. Chez nous la rivière s'appelle Gardon, c'est la plus propre du secteur, aussi les réseaux sociaux en vantent les mérites alors c'est avec la voiture que l'on va se baigner (localement on dit se tremper le c..) aussi une voiture ce n'est pas un vélo et il faut trouver une place pour la garer. Qu'à cela ne tienne, le département a laissé des emplacements tout le long de la route pour stationner, alors allons-y, stationnons. Si la voiture n'est pas exactement derrière la ligne blanche ce n'est pas grave, personne ne verbalise systématiquement alors …Question : A quoi identifions-nous un spot de baignade ? Au nombre de voitures garées dans tous les sens.
Tout le monde est bien content que les voitures soient là bien sûr, cela fait marcher le commerce mais beaucoup attendent avec impatience la rentrée des classes.
PS :
Il est tout à fait inutile de m'envoyer des mails ou des messages pour me dire que vous vous reconnaissez au travers de ces lignes, elles sont là pour passer un moment sans se prendre au sérieux, la vie et si courte que l'on n'a pas le temps de comprendre que l'on est né. Alors aujourd'hui ce sont les voitures qui font la une, la semaine prochaine ce sera une autre race de bipèdes qui alimentera ces lignes.
Première partie
"A bicyclette"
Depuis deux mois, le climat de l'été s'est installé dans les Cévennes.
Depuis un mois, la faune estivale est descendue de la capitale et s'est éparpillée dans la contrée espérant trouver un coin de fraîcheur.
Pas de chance, c'est chez nous qu'il fait le plus chaud.
Aussi tout est bon pour profiter de ces congés tant attendus.
Certains se sont mis au vélo. Attention pas le vélo de compétition en carbone, ceux-là sont restés sur le bitume par 50° au soleil, non ce sont ceux qui se sont offert le vélo à assistance électrique qui leur permettra de monter le Ventoux aussi vite que les autres avec le vélo en carbone. Ils peuvent aller partout où avant c'était l'aventure. Maintenant il faut tout explorer, dans le moindre chemin de traverse où seul le chasseur aguerri osait y pointer son fusil ; ils y sont. N'ayant qu'une approche très approximative du code de la route, ils sont devenus des dangers publics avec leurs casques et leurs combinaisons fluo (c'est ce qu'ils ont retenu des conseils prodigués par leur vendeur un peu inquiet lors de l'achat de leur machine infernale).
Il y en a pour tous les genres, le casque obligatoire limite le choix du couvre-chef mais la combinaison fluo ci-dessus évoquée n'est parfois qu'un rêve fantastique et du torse nu, pour les hommes, bien sûr, (quoique certaines sont proches du bronzage intégral), où le pelage fourni retient un maximum de transpiration qui en s'évaporant crée du froid (principe du réfrigérateur), à la tenue hyper mode branchée du parfait cyclo-électro où rien ne manque, pas même les boutons de manchette : Vous avez de tout.
Cette race de cyclistes, vous ne la rencontrez que le matin, car ils ne sont pas complètement demeurés, ils ont compris que passées 12 heures la batterie au lithium de leur machine surchauffée risquerait de les satelliser, alors ils sortent le matin, juste quand vous allez chez votre boulanger préféré chercher les croissants pour faire plaisir à votre petite famille, vous risquez d'en rencontrer un ou deux sur la route où dans les côtes, là où l'assistance électrique est plus sollicitée, leur discret pédalage rythmé et harmonieux leur fait oublier qu'ils sont à vélo et que le guidon n'est pas branché en pilotage automatique, si bien que la demi-chaussée qu'ils empruntent est balayée de droite à gauche par la gomme de leurs pneumatiques insuffisamment gonflés.
Si votre habitation se situe en retrait de la grande route là où vous n'entendez que le chant des cigales, alors que votre café vous attend juste avant votre sieste, que tout est calme à l'abri de votre terrasse recouverte de cette vielle vigne qui vous offrira fin août ce raisin muscat si agréable, ne soyez pas surpris de voir apparaître, un jour, derrière un muret de pierre, un gugus tenant à la main son smartphone lâchement abandonné dans la nature par son application GPS : "Appgevepartou" qui n'indique qu'un seul chemin : Celui qui vient chez vous. GPS + vélo à assistance électrique = la mort de la tranquillité. Les deux sont de plus en plus inséparables et merci Google Map.
Ils s'y mettent tous, il est effectivement recommandé de faire du sport alors à quand l'exosquelette pour marcheur longue distance ?
PS :
Il est tout à fait inutile de m'envoyer des mails ou des messages pour me dire que vous vous reconnaissez au travers de ces lignes, elles sont là pour passer un moment sans se prendre au sérieux, la vie et si courte que l'on n'a pas le temps de comprendre que l'on est né. Alors aujourd'hui ce sont les vélos assistés qui font la une, la semaine prochaine ce sera une autre race de bipèdes qui alimentera ces lignes.